Une dernière haie d’honneur pour Jean Claude NALLET
Ceux qui le connaissaient sont unanimes : un homme, un roc, un modèle, un champion, un vrai.
Né en 1947 à Champdor dans l’Ain, Jean-Claude NALLET a bouclé son dernier tour de piste ce 19 août 2023. Il restera à jamais cette Gloire du sport promotion 2010 spécialiste du 400m et du 400m haies, deux fois champion d’Europe. Nous venions enfin d’inaugurer un stade d’athlétisme à son nom à Ambérieu-en-Bugey en décembre dernier.
Licencié à l’USC Ambérieu-en-Bugey de 1962 à 1967, à l’AC Paris de 1968 à 1974, au Racing club de France de 1975 à 1979, Jean-Claude NALLET avait ensuite rejoint l’équipe des dirigeants et des compétiteurs d’Ivan COSTE-MANIÈRE au Grasse Athletic Club pendant une dizaine d’année, avant de rallié le Stade Sottevillais dont il devint Président.
Son talent brut avait été révélé aux championnats de France ASSU cadets au stade Charléty (l’ancêtre de l’UNSS et de la FFSU) en 1964 où il surclasse tous ses concurrents en finale du 250m (28’’2). Pour ses débuts internationaux en 1966, à dix-neuf ans, lors des Championnats d’Europe de Budapest, il décroche la médaille de bronze du 200 m (21’’0), derrière son compatriote Roger BAMBUCK et le Polonais Marian DUDZIAK. Vainqueur dès l’année suivante de son premier titre national senior sur 400m en salle, il brille notamment lors de la Coupe d’Europe des Nations de Kiev en remportant les épreuves du 200 m et du 400 m. Le 28 juillet 1968, lors des championnats de France de Colombes, Jean-Claude NALLET décroche son premier titre national en plein air sur 400 m. Il établit à cette occasion un nouveau record de France en 45’’7, améliorant de 2/10 l’ancien record détenu depuis 1960 par Abdoulaye SEYE. Aux Jeux Olympiques de Mexico, il s’incline en demi-finale du 400m et au premier tour du relais 4X400m.
Jean-Claude NALLET conserve son titre national du 400m lors des Championnats de France de 1969. Aux Championnats d’Europe d’Athènes, fin août 1969, il se classe deuxième de la finale du 400m en 45’’8, échouant à un dixième de seconde du Polonais Jan WERNER. Aligné par ailleurs dans l’épreuve du relais 4X400m, aux côtés de Gilles BERTOULD, Christian NICOLAU et Jacques CARETTE, il offre à la France un titre continental. L’équipe de France y établit un nouveau record en 3’02’’3, et devance sur le podium les deux monstres : l’URSS et la RFA.
Le 8 juillet 1970 à Colombes, Jean-Claude NALLET bat sur 400m haies l’Américain Ralph MANN et porte le record de France de la discipline à 48’’6, soit 1’’7 de mieux que les 50’’3 de Robert POIRIER établis en 1966. Le lendemain, toujours à Colombes, il améliore son propre record de France du 400m en réalisant 45’’4. Il confirme son rang en terminant premier du 400m haies et deuxième du 400m lors de la Coupe d’Europe des nations de Stockholm. Il décroche son troisième titre national d’affilée sur 400m lors des Championnats de France en 1970 et signe un nouveau record de France en 45’’1. Il est désigné Champion des Champions Français par le journal L’Équipe et obtient le Prix Virginie HERIOT décerné par l’Académie des sports.
Vainqueur de son quatrième titre consécutif sur 400m aux Championnats de France en 1971, il remporte la médaille d’or du 400m haies des Championnats d’Europe d’Helsinki en 49’’2 (nouveau record de la compétition), devançant l’Est-Allemand Christian RUDOLPH et le Soviétique Dimitri STUKALOV. Blessé au cours de la saison 1971, il doit déclarer forfait pour les Jeux Olympiques de 1972 à Munich.
En 1974 à Nice, Jean-Claude NALLET devient champion de France du 400m haies. En finale des Championnats d’Europe de Rome, il bat son propre record de France (au chronométrage électronique) en 48’’94, terminant deuxième de la course derrière le Britannique Alan PASCOE. Il décroche sa cinquième médaille continentale, la quatrième dans une discipline individuelle. L’année suivante, à Saint-Étienne, le Français conserve son titre national du 400m haies (49’’92), et remporte par ailleurs la médaille d’or des Jeux Méditerranéens à Alger.
Jean-Claude NALLET remporte son septième titre national individuel sur 400m haies à l’occasion des Championnats de France en 1978, et la même année, se classe sixième des Championnats d’Europe à Prague. Il aura ensuite fallu attendre notre autre ami Stéphane DIAGANA en 1990 à Split pour que les records de Coach J-C soient effacés (le sont-ils ?) des tablettes.
Son épouse, Chantal SEGGIARO fut sélectionnée en équipe de France de gymnastique et participa aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976 sur 5 épreuves différentes, aux Championnats d’Europe à Skien (Norvège) en 1975 et au Championnat du Monde en 1974 (Bulgarie). Elle est vice-présidente de son CDOS et bien entendu membre du Cercle Coubertin.
Tous deux nous ont toujours honoré de leur amitié, de leur estime et de leur respect. Dans leurs empreintes sur leurs terres normandes, comme sur la Côte d’Azur, tant aussi bien au travers de leurs carrières respectives que de leurs enseignements et pédagogies, ils avaient su incarner et transmettre ces valeurs olympiques et coubertiniennes permettant à leurs terroirs de toujours devenir plus productifs et fructueux. Des exemples qui portaient à se transcender, des plus jeunes aux plus vieux. Même à Grasse, petite ville de 50.000 habitants qu’ils avaient contribué tous deux à faire monter au top national tant en gym qu’en athlétisme ! Le Meeting International de Pâques au Stade Perdigon, avec les équipes nationales allemandes, italiennes et scandinaves, des perchistes à 5,80m et les participations de Bruno MARIE-ROSE ou William MOTTI… Vous voyez ce que je veux dire ?
Nous garderons ces moments de partage, de complicité et ce regard… l’âme de la compétition et de l’excellence… et plein de compassion avec des bises et une profonde amitié éplorée pour Chantal, toute la famille de l’athlétisme et du sport endeuillée et unie autour de nos valeurs communes essentielles.
Ivan COSTE-MANIERE